25 août 2013

Frida Kahlo : Handicap physique, douleurs et médicaments ; une nouvelle peinture.


Au début des années 1950 Frida Kahlo était dans l'impossibilité de travailler sans prendre tranquillisants et antalgiques à cause de violentes douleurs du dos et de la jambe droite. Rarement découragée, elle continua son travail mais  elle était obligée de le finir vite et en position allongée. L'autoportrait et les Natures mortes, genres en peinture qu'elle maîtrisait bien, étaient les seuls qu'elle pouvait encore réaliser et assez vite. Son travail, même d’exécution rapide n’empêchait pas Frida de prendre des médicaments pour calmer ses douleurs. Il lui fallait "tenir le coup" à tout prix! D’où une consommation accrue de drogues, qui par leur action calmante, mais génératrice d'inertie, rendait sa main lourde et moins précise, parfois même maladroite. Il fallait donc s'attendre à ce que sa peinture ait changé dans son exécution. Nous lui accordons le bénéfice de ne pas incriminer le litre de cognac par jour qui lui arrivait de boire.

L’Autoportrait avec le portrait de Diego Rivera sur la poitrine et Marie entre les sourcils 1953/54 en apporte sans doute la preuve.

Autoportrait avec le portrait de Diego sur la poitrine et Marie entre les sourcils 1953/54

Ce portrait ressemble plus à une esquisse qu'un travail fini. Les contours du cou et du visage sont épaissis et flous sans démarcation nette avec la zone adjacente. Les sourcils sont tracés d'un trait épais et continu sans finesse au niveau de la racine du nez. Il faut beaucoup d'attention pour reconnaître le visage de Diego Rivera sur la poitrine et celui de Marie entre les sourcils. Cette toile est faite d'une touche superficielle, peu soignée, utilisant une pâte épaisse donnant une exécution moins exacte des détails. On est loin de la délicatesse de la touche de Frida et de la rigueur de son trait. On ne peut incriminer la position allongée peu confortable pour peindre, puisque plusieurs années auparavant sa peinture était parfaite dans les mêmes conditions. L'abrutissement de sa personne devenue moins réactive sous l'effet des médicaments et des douleurs est une explication plus réaliste pour comprendre les changements intervenus dans sa peinture.
                                                      

Un peu plus tard, incapable de rester longtemps devant son miroir pour ses autoportraits, elle choisit de peindre ce qu'elle appelait des "Natures vives". Il s'agissait de Natures mortes : fruits de son  jardin ou du marché qu'elle posait sur sa table de nuit. Elle peignait comme elle le disait des doubles d'elle même :
Nature vivante 1952
pastèques éventrées, grenades éclatées, des entrailles juteuses et des pulpes blessées qui n’étaient que des formes d’elle même. Blessures et douleurs auront été jusqu'au dernier jour la marque de sa vie. Dans la toile Nature vivante 1952, elle reprenait des éléments provenant d’œuvres  antérieures. Le ciel est divisé en jour et nuit. Soleil et Lune sont également représentés. Les fruits sont liés aux racines qui écrivent les mots Naturaleza viva (Nature vivante).
                                       

Une fois de plus rien ne peut arrêter la passion du peintre. Quand bien même est-il malade il adapte sa façon de travailler à l' handicap qu'il présente et les douleurs insoutenables qui l'incommodent nous invite à excuser ses maladresses.

1 commentaire:

  1. Depuis longtemps Frida reste cet exemple particulier aux peintres handicapés , Frida je pense à toi tu ne sera jamais disparue... peintre moi aussi ,depuis 30 ans j'en oublie la sep qui m'accompagne depuis 87... Pour Henri Rousseau j'ai plongé dans le végétal...demain ce sera la tour rouge de Robert Delaunay ...

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