Marie Bashkirtseff (1858 – 1884) Russe, connue pour sa peinture, s’était
aussi ,adonnée à l’écriture et à la musique. Née en Ukraine dans la bonne
société, elle parlait cinq langues, jouait de la harpe et étudiait les grands
auteurs. Elle n’aura vécu que vingt six ans d’une vie bien remplie malheureusement
interrompue par la maladie. Marie Bashkirtseff était devenue, bien que femme, une
peintre parce qu’elle était issue d’une classe sociale aisée, qu’elle était
célibataire et qu’elle n’avait reçu aucune objection parentale. De telles conditions beaucoup d’autres femmes auraient voulu les avoir et ainsi pouvoir embrasser la carrière de peintre. La vie lui ayant donné cette chance
elle allait militer pour défendre et promouvoir le métier de femme-peintre.
Célibataire et riche elle avait pu entrer dans un atelier de peinture. Son milieu social lui avait donné accès
à des relations notamment littéraires : Guy de Maupassant et François
Coppée.
La féministe
L’intérêt que porte son étude, tient
dans les propos riches d’enseignements qu’elle écrivait dans son journal
intime. On y découvre l’omerta masculine à laquelle la femme était
soumise, un manque de liberté dont elle parlait sans ambages. En
effet :
elle dénonçait « les comportements gothiques » :
l’impossibilité d’étudier aux Beaux arts, d’échapper au rôle d’épouse et de
mère.
elle ironisait sur la soi
disant absence de femmes peintres
: « On nous demande avec une indulgente ironie combien il y a de grandes
artistes féminines. Eh! Messieurs il y en a et c’est étonnant vu les
difficultés énormes qu’elles rencontrent »
elle
dénonçait le manque de liberté de mouvement
: « Ce dont j’ai envie, c’est la liberté, sans laquelle on ne
peut pas devenir un vrai artiste. Vous croyez que l’on profite de ce qu’on
voit, quand pour aller au Louvre, il faut attendre sa voiture, sa demoiselle de
compagnie ou sa famille ? »
Cette entrave
au déplacement en France ou à l’étranger, était pénalisante pour les femmes.
Alors que les peintres du sexe fort avaient la liberté d’aller approfondir leur
formation en Italie (une expérience
à laquelle aucun artiste voulant faire carrière ne pouvait se soustraire) les femmes ne pouvaient y avoir recours.
Peintre ou non, une femme ne pouvait se montrer seule en public ni rester longtemps
seule avec un homme ce qui aurait été jugé trop indécent.
La
peintre
Marie Bashkirtseff par son rang de famille, était sans souci
financier et avait pu
s’inscrire à la nouvelle Académie
Julian seule école d’art ouverte aux femmes en 1877. Elle y travaillait
sans relâche parce qu’elle savait que ses jours étaient comptés à cause d’une tuberculose pulmonaire fléau de
l’époque, traitée inefficacement faute d’en connaître l’origine microbienne (Koch
ne découvrira le baille qui porte son nom qu'en 1882) et d’avoir à sa disposition un
traitement adéquat atelier Julian 1881.
Ses huiles
et ses pastels étaient réalistes et attiraient les éloges. Elle peignait : des Natures
mortes et des scènes de genre comme
Le Meeting exposé au Salon 1884.
Cette toile eut un grand
succès auprès du public mais ne fut pas sanctionnée par une médaille.
Elle aimait
peindre des portraits de femmes jeunes du beau monde (en rapport avec
son âge et ses fréquentations), portraits en buste et de profil, des femmes joliment
coiffées témoignage d’une fraction riche et insouciante de la société dans
laquelle elle vivait. Dans ses portraits, il y avait un tableau dans le tableau
si on veut bien considérer l’application et la constance qu’elle mettait à traiter des Natures
mortes : chapeaux de ces dames ou un bouquet de fleurs qu’elle faisait tenir au
modèle.
Georgette 1881
Bien que
beaucoup moins fréquents, elle a peint des paysages : « je
vis aussi une grande esquisse de paysage notamment - la brume d'octobre au bord
de l'eau, les arbres à demi dépouillés, les grandes feuilles jaunes jonchant le
sol » . François Coppée.
Paysage
Un autoportrait
témoin d’un moment de tristesse, mais Marie Bashkirtseff
était d’une telle
beauté que l’on oublie sa tristesse et devine à peine ses larmes. Aujourd'hui, ses
tableaux sont exposés dans différents musées d'Europe et l'œuvre monumentale qu'elle a écrite a été compilée
pour la première fois pour une édition intégrale. Elle est prématurément morte,
alors qu’elle commençait à connaître le succès artistique. À quels sommets
serait-elle arrivée dans le cas contraire?
Autoportrait une larme 1883
L’amie
des écrivains
Guy de Maupassant
Se sachant condamnée, elle décida d’offrir
son journal intime à un grand écrivain. Plusieurs lettres seront ainsi échangées
avec Guy de Maupassant. (mars 1884).
« Maintenant
écoutez-moi bien, je resterai toujours inconnue (pour tout de bon) et je ne
veux même pas vous voir de loin, votre tête pourrait me déplaire, qui
sait ? Je sais seulement que vous êtes jeune et que vous n'êtes pas marié,
deux points essentiels même dans le bleu des nuages. Mais, je vous avertis que
je suis charmante ; cette douce pensée vous encouragera à me répondre. »
Signature :
Madame R.D.G., poste restante bureau de la Madeleine.
Guy de
Maupassant engagea alors une correspondance avec cette femme blonde qu’il ne
connaissait pas de mars à mai 1884.
François Coppée
L’écrivain fortement marqué par la personnalité
de la peintre en fait part dans ses écrits, mais surtout, il est une des rares
personnes ne faisant pas partie de la famille à avoir croisé Marie Bashkirtseff
peu de temps avant que sa maladie ne l’emporte.
« Mademoiselle Marie Bashkirtseff survint. Je ne l'ai vue qu'une fois, je
ne l'ai vue qu'une heure... Je ne l'oublierai jamais. »
« …. Il était temps de me retirer, et, du reste, depuis
un instant j'éprouvais un vague malaise moral, une sorte d'effroi, je n'ose
dire un pressentiment devant cette pâle et ardente jeune fille, je songeais à
quelque extraordinaire fleur de serre, belle et parfumée jusqu'au prodige, et,
tout au fond de moi, une voix murmurait : "C'est trop!" »
« Hélas! C'était trop en
effet. Peu de mois après mon unique visite rue Ampère, étant loin de Paris, je reçus
le sinistre billet encadré de noir qui m'apprenait que Mademoiselle
Bashkirtseff n'était plus. » (François Coppée, de l'Académie
française, préface de 1885 des Lettres de Marie Bashkirtseff,
bibliothèque Charpentier, édition de 1922, pp. VI à XI.)
Les femmes ayant laissé leur nom dans l’histoire de l’art sont peu nombreuses comparées aux hommes. Il est alors d’autant plus regrettable qu’au regard de son œuvre si belle et si courte Marie Bashkirtseff soit si vite disparue.
Les femmes ayant laissé leur nom dans l’histoire de l’art sont peu nombreuses comparées aux hommes. Il est alors d’autant plus regrettable qu’au regard de son œuvre si belle et si courte Marie Bashkirtseff soit si vite disparue.
Un blog vraiment très intéressant, bravo. Il fait partie de mes coups de coeur du jour sur mon Twitter.
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