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Absinthe et absinthisme ~
A propos de l’absinthe
Depuis le 18 Mai 2011, le
citoyen français peut consommer en toute
légalité, un verre d’absinthe, une boisson fortement alcoolisée, qui était interdite
en France depuis le 16 mars 1915 ce qui avait valu au pastis de naître. L’absinthe était définie comme une liqueur aromatisée caractérisée
par une proportion d’alcool
élevée, à la faveur duquel elle tient en dissolution une quantité
d’essences : absinthe, anis, fenouil, hysope ou autres essences analogues,
telle que l’addition de quelques gouttes d’eau les sépare en un trouble
persistant.
De la plante (la grande absinthe = Artemisia absinthium) utilisée pour
ses vertus médicinales (fébrifuge, vermifuge, emménagogue etc.) on était passé
à une boisson, un apéritif aux vapeurs envoûtantes et magiques (la
Fée Verte). Cette boisson était devenue par l’importance de sa consommation
un véritable phénomène de société. Toutes les couches sociales étaient concernées, du petit peuple à
la grande bourgeoisie, les hommes comme les femmes, les militaires comme les civils
et malheureusement aussi les enfants comme les adultes.
Dans la deuxième moitié du
dix-neuvième siècle, celle des changements : politiques, urbains,
industriels et artistiques, l’absinthe s’était vue liée
à la vie artistique et littéraire. Elle était omniprésente dans la littérature,
la peinture et la presse de tous les jours avec des dessins
humoristiques ou acerbes des grands illustrateurs Forain, Poulbot..., C’est
d’ailleurs l’art graphique et pictural qui devait attirer
l’attention des responsables sanitaires, sur la dangerosité de la boisson, en
stigmatisant les graves conséquences sur la santé de son excès de
consommation.
La production artistique graphique et picturale témoin de cette période existe
toujours, sous la forme d’une vaste collection de documents. Ces
documents, non seulement mettaient en avant le phénomène de société en cause
mais surtout, puisque cela allait être la raison de la prohibition de la
boisson, montraient les effets délétères de l’absinthisme chez l’individu et
sur son comportement.
L’absinthisme c’est quoi ?
L’absinthisme
était défini par Lancereaux, Laborde et Hanriot, comme une forme clinique de l’alcoolisme
chronique avec son cortège de troubles neurosensoriels, de troubles
de la sensibilité subjective puis objective, auxquels pouvaient
s’ajouter avec le temps ou lors d’intoxication aiguë des troubles psychiques
et neurologiques notamment convulsifs.
Pour
identifier les conséquences médicales de la consommation exagérée d’absinthe regroupées
sous le nom d’absinthisme, il fallait
pouvoir lui rattacher des troubles précis. En ce domaine la référence de
l’époque était celle du docteur Valentin
Magnan psychiatre incontesté de la psychiatrie parisienne. A la suite de
travaux personnels il concluait que :
« L’abus d’absinthe menait aux crises d’épilepsie
et à la folie mais aussi à des syndromes dégénératifs dans la
progéniture qui pouvaient être transmis sur trois ou quatre générations. »
Les études de Magnan, étaient très vite apparues
contestables bien qu’admises par l’Académie de Médecine. Un manque de rigueur dans
la pratique de ses expériences avait conduit l’auteur à faire ingérer
l’absinthe pure et non pas la boisson et faire inhaler des vapeurs d’absinthe en
même temps que celles d’alcool pur à divers animaux. Autant dire que les conclusions tirées de
ces expériences étaient peu crédibles.
Le
responsable de l’absinthisme était reconnu comme une des substances contenue
dans la grade absinthe : la Thuyone. Elle représente entre 50 et
60% de la composition de l’essence d’absinthe. Il s'agit d'un principe actif
qui théoriquement, peut trouver des récepteurs dans le cerveau et ainsi induire
des réactions sur l'organisme. Une fois l'absinthe distillée, elle ne contient
que très peu de thuyone. En effet, seules les feuilles et les fleurs de
la plante d'absinthe sont utilisées pour la distillation, alors que c'est la
tige qui contient la majeure partie de la thuyone. Difficile alors de la rendre responsable. D'ailleurs longtemps après l'interdiction de l'absinthe,
dans la deuxième partie du XXème siècle, on a su déterminer avec précision le
taux de thuyone contenu dans l'absinthe. Ainsi nous savons de nos jours, grâce
à la chromatographie gazeuse (1960)
que l’absinthe d’avant la prohibition contenait 0,6 mg/l de thuyone soit une dose mille fois
moindre que la dose léthale. Par ailleurs il faut savoir que pour obtenir
200mg/l de thuyone il aurait fallu boire cinq litres d’absinthe chose
impossible car le degré élevé d’alcool (65 à 72°) limitait quantitativement l’absorption
d’absinthe et donc celle de Thuyone.
Affirmer aujourd’hui que la thuyone ne jouait aucun rôle dans les faits
observés exige la recherche d’un autre coupable. L’académie de médecine et le
pouvoir politique le connaissait. Leur priorité étant de lutter contre l’alcoolisme
chronique, fléau de très grande ampleur en France à la fin du XIX e, ils
allaient conjointement se servir de l’absinthe comme bouc émissaire sachant que
le taux d’alcool de la boisson était très élevé. La cxampagne de dénigration qui allait aboutir à la prohibition, visait au travers de l'absinthe l'alcoolisme.
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