L’intérêt
de la cataracte de Monet résidait dans la possibilité de son identification au travers de sa peinture (Vision des couleurs: Monet et sa cataracte
08/08/2012). S’agissant du peintre impressionniste Edgar Degas qui avait lui
aussi une maladie oculaire, l’impact sur sa peinture est d’un tout autre genre.
Degas a
présenté dès 1870, une atteinte bilatérale de la rétine (œil droit suivi à un
an de l’œil gauche) d’étiologie inconnue. Cette affection avait passablement
perturbé le travail du peintre au point de l’amener à modifier sa façon de
peindre tant en ce qui concerne sa technique de peinture que les thèmes
choisis pour sa peinture.
La
rétinopathie de Degas s’était développée
progressivement au cours des années et s’accompagnait
comme il est habituel dans ce cas :
v
d’une
baisse de l’acuité visuelle, prédominante sur l’œil droit d’où une vision monoculaire laquelle
affectait sérieusement la perception de la vision en profondeur.
v
de
photophobie ou sensation
pénible produite par la lumière : « Quelles belles choses j’aurais pu faire
si la lumière éclatante m’étais moins insupportable. » nous dit Edgar Degas en rentrant d’un séjour
en Louisiane.
v
d’un
scotome central ou trou situé au centre du champ visuel
: « Je vois votre nez mais je ne vois pas votre bouche. » nous dit
le peintre.
v
d’un
trouble de la vision colorée apparue à l’âge de soixante ans, il ne
voyait les couleurs que lorsqu’elles étaient intenses.
Au total un
ensemble de troubles qui définissait chez Degas une rétinopathie et qui devait
conduire le peintre à envisager autrement sa manière de peindre. Que pouvait-il donc faire pour contourner son handicap visuel ? Des arrangements à la
fois dans sa pratique picturale et dans le genre utilisé pour abriter de
nouveaux thèmes.
Voyons dans ce message les moyens mis en œuvre
par Degas pour contourner dans le domaine technique son handicap visuel. Un autre billet envisagera son option
pour un genre et de nouveaux thèmes en peinture.
v
Degas,
disciple d’Ingres, dessinait avec des traits fins. Son acuité visuelle
diminuant il avait du les abandonner pour des traits plus épais d’où
l’utilisation devenue fréquente chez lui du crayon gras et du fusain. (fig 1)
v
Dans
l’impossibilité de supporter la lumière (photophobie) il vivait et travaillait
dans l’obscurité. Il devait utiliser une
paire de lunette spéciale à fente
ou des verres fortement teintés. (fig 2)
v
Le
trouble de la vision colorée, apparu tardivement était compensé par l’utilisation
de couleurs vives et violentes car en deçà d’une certaine intensité des
couleurs, il ne les voyait pas. C’est une des raisons pour laquelle il avait progressivement
abandonné la peinture à huile et opté
pour le pastel technique qui lui permettait d’obtenir un
travail rapide et la vivacité des couleurs recherchées. (fig 3)
Degas aura pu ainsi travailler jusqu'à la fin de sa vie grâce à des moyens adaptés qu'il va d'ailleurs mettre en oeuvre dans des genres et thèmes eux-aussi adaptés.
merci ca m'a beaucoup aidé pour mon devoir de francais ! :) au revoir
RépondreSupprimerCette étude m'a énormément aidée pour mon devoir d'SVT ! Merci mille fois :)
RépondreSupprimerBonjour, il semble que beaucoup de portraits féminins peints entre 1860/1870 (l'absinthe ou portrait de Mme Jeantaud) ont une chromatique à tendance obscure. Degas commencait-t-il à souffrir de sa pathologie, et est-elle à l'origine de ces tonalités sombres? Ou alors ces tonalités sont-elles simplement dues au vieillissement des vernis, ou des défauts de reproduction des œuvres, ou des deux?
RépondreSupprimerIl m'importe donc de savoir si la chromatique foncée est en relation avec la pathologie oculaire de Degas. Merci pour votre attention. Cordialement. D. Bourgoin.