Translate

Rechercher dans ce blog

6 novembre 2020

Café Guerbois berceau de l’Impressionnisme (partie 1)

 

Annonce. En raison de la crise sanitaire et l'impossibilité de présenter mes conférences j’ai décidé d’utiliser mon blog pour présenter, sous forme d'articles, le sujet de quelques-unes d'entre elles dont le  thème général est l'Histoire de l'art dont l'impressionnisme.


Pour démarrer ce cycle, je propose le « Café Guerbois berceau de l’Impressionnisme » Le développement est suffisamment important pour le scinder en trois parties qui seront publiées séparément.

Part 1 Généralités et mise en place du Café Guerbois.

Part 2 Discussions sur des thèmes picturaux.

Part 3 Discussions sur des thèmes généraux.



Part 1 : Généralités et mise en place du Café Guerbois.

La relation entre le café Guerbois (figure 1) et l’Impressionnisme n’est pas

 évidente pour qui ne s’intéresse pas à ce mouvement pictural du XIX e siècle.

fig1 
Café Guerbois

En ce lieu, pourtant, dans les années 1860, se réunissaient une fois par semaine, artistes, écrivains, critiques d’art voir même des politiques, animant de nombreuses discussions. De celles-ci ont émergé les principes et les bases de l’Impressionnisme dont Guerbois peut être considéré comme le « Berceau ». Le café n’avait pas pour autant perdu ses habitudes. Au début de la IIIe République comme dans tout autre café, principalement à Montmartre, on jouait aux cartes, au billard, courtisait des jeunes filles ou des femmes attendaient un client, on buvait de la bière ou de l’absinthe. Chaque soir dans leur atelier, à la tombée de la nuit, les peintres éteignaient leur lampe à gaz et se rendaient au 11 rue des Batignolles (aujourd'hui rue de Clichy) devenu au fil du temps leur quartier général. Ainsi, Georges Moore un romancier Irlandais pouvait écrire: 

« Qui voudrait savoir quelque chose de ma vie devrait connaître un tant soit peu l’académie des Beaux-arts. Non pas la niaiserie officielle dont on parle dans les journaux, mais la véritable académie française le Café »

Longtemps avant que le mouvement impressionniste ne s’ébauche, Edouard Manet (figure 2)

 fig 2 Edouard Manet

raillé par le public et la majorité de ses pairs, suite aux scandales de deux de ses tableaux le Déjeuner sur l’herbe et l’Olympia, était devenu pour la jeune génération de peintres avant-gardiste leur chef de file, tissant autour de lui un groupe artistique, ferment de ce qui allait devenir le groupe des Batignolles.

fig 3

Hommage à Delacroix 1864 - Henri Fantin-Latour

A cet effet il se rendait au Café Guerbois reprenant  les habitudes du Café Tortoni, où Charles Baudelaire régnait en maître parmi écrivains et artistes (voir l’hommage à Delacroix de Henri Fantin-Latour 1864) (figure 3). Il devenait, lui mêle celui autour duquel étaient présents ses camarades (figure 4) une image peinte par Henri Fantin-Latour « L’atelier des Batignolles - 1873 » (figure 4)

         fig4

L'atelier des Batignolles 1873 - Henri Fantin-Latour

Au début des années 1860, le Café Guerbois était donc le lieu de ralliement d’un groupe de jeunes artistes unis par le désir commun de dépasser la stagnation de l’art contemporain avec de nouvelles solutions : stylistiques, techniques, thématiques, mises en œuvre en plein air, refusant les sujets Historiques Fantastiques Romantiques de la peinture académique tout en s’attachant alors à la restitution objective de l’environnement naturel et social. Ils voulaient privilégier le Paysage pur ou, accompagnant des scènes de la vie contemporaine (travail, loisirs, chemin de fer (Le train de Bedford Parl 1897 Camille Pissarro) (figure 5)

         fig5 

le train de Bedford Parl 1897 - Camille Pissarro

 Le café Guerbois prenait alors, une place importante dans l’Histoire de la peinture car c’était là qu’allait se définir le mieux, la présentation, le caractère et le comportement artistique et social des futurs impressionnistes. On pouvait rencontrer autour de Manet, fréquemment ou non selon que l’on habitait Paris ou pas : Frédéric Bazille, Paul Cézanne, Eugène Degas, Claude Monet, Camille Pissarro, Pierre Auguste Renoir, Alfred Sisley. Ces peintres de caractères
 variés, aux comportements sociaux distincts, allaient se retrouver aux prises avec de nombreuses discussions artistiques. Occasion leur était donnée, alors, de faire valoir, ou de faire admettre, leurs propres opinions ou convictions. Mais, y aurait-il eu de véritables discussions s’ils s'étaient retrouvés qu’entre peintres. Sûrement pas. Des écrivains et critiques d’art fréquentaient aussi le café Guerbois. A côté de gens comme Zacharie Astruc, Duranty, Philippe Burty etc. on trouvait le romancier et critique d’art Emile Zola (figure 6) porte-parole du groupe pour la presse et ardent défenseur du groupe. Il était du côté de ceux qui, vilipendés à chaque Salon officiel, s’étaient engagés dans la recherche d’une vision nouvelle de l’art. 

     fig6 

Portrait d'Emile Zola 1868 - Edouard  Manet

Avec enthousiasme et obstination Zola avait embrassé la cause de Manet et des autres. Tous ces peintres et écrivains se rencontraient à Guerbois en bonne intelligence. Le fait que des peintres se faisaient romanciers comme Delacroix et que, pour devenir écrivain, il fallait d’abord être journaliste et critique d’art (Zola, Mallarmé), expliquait cette parfaite entente.
Avant même de pouvoir débattre sur les balbutiements de la peinture impressionniste, les peintres des Batignolles allaient tirer un trait sur ce qu’ils refusaient : l’académie et « sa » Peinture d’Histoire. De véritables débats s’engagés car en ce début d’existence commune, il ne pouvait y avoir de consensus. Certains ne pouvaient pas concevoir le rejet de la Peinture d’Histoire comme Edgar Degas. Cézanne, Renoir également, d’autres les plus nombreux ne voulaient plus entendre parler de ce genre en peinture (Monet, Sisley etc.) et prêchaient à haute voix leur adhésion à la Nature. A ce titre, ils s’en prenaient moins aux Maîtres du Louvre dont ils copiaient généralement les œuvres qu’aux Maîtres enseignants dans un atelier (Thomas Couture, Charles Gleyre) vis-à-vis desquels ils manifestaient directement leur mécontentement. Ainsi Edouard Manet après une critique orale de Thomas Couture, lui répondit « Je peins ce que je vois et non pas ce que l’on veut me faire voir. » Renoir répondit à Charles Gleyre qui considérait qu’il faisait de la peinture pour s’amuser : « Si ce n’était pas pour m’amuser, je vous prie de croire que j’e n’en ferai point » Manet avait une attitude plus ambiguë sur le sujet. Sa peinture d’Histoire se rapportait à des faits d’actualité et dans le cas de « L’exécution de l’Empereur Maximilien » sa toile avait été inspirée et réalisée comme une sévère critique adressée indirectement à Napoléon III,

                        fig 7 
L'exécution de l'Empereur Maximilien 1868-1869 - Edouard Manet

 rendu responsable de cette exécution (figure 7). En réalité ce qui importuné le plus les jeunes peintres dans la peinture d’Histoire c’était son importance pour l’académie, car l’épreuve d’Histoire était obligatoire pour être admis aux Beaux-arts ou au Grand prix de Rome. Elle était aussi implicitement attendue parmi les œuvres que tout candidat devait présenter au Salon officiel. En son absence d’année en année les candidats étaient refusés et il en fut de même lors du Salon de rattrapage dit « des Refusés » institué par Napoléon III.

Au milieu du XIXe siècle la carrière de l’artiste était donc décidée par l’Etat. Le salon était l'événement de la vie de l’artiste puisque, c’est là seulement qu’il pouvait se faire remarquer du public. Pour ces peintres, être admis au Salon n’était pas qu’une affaire de principe mais une nécessité pour rencontrer le public en vue de pouvoir vendre des tableaux et ainsi pouvoir faire vivre une famille. La succession des refus, au fil des ans, les amènera à créer une association d’artistes peintre pour programmer une Exposition Indépendante en dehors du Salon. La première du genre (figure 8) aura lieu en avril 1874 dans les ateliers du photographe Félix Nadar.

fig8 

Première exposition des Impressionnistes dans les ateliers du photographe Nadar

C’est à cette occasion que le Journaliste Louis Leroy à partir d’une remarque désobligeante à propos du tableau « Impression soleil couchant » créera le nom Impressionnisme qui sera définitivement admis par le groupe des Batignolles lors de la troisième exposition du genre.

Les Références bibliographies de la conférence et donc de l'article ont été données dans les articles de ce Blog concertant principalement l'Impressionnisme. Il faut ajouter le livre de Claude Jeancolas Le groupe des Batignolles 2014 aux éditions FVW.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire