Peintres et Santé

Rosa Bonheur «La Fenaison en Auvergne» une commande Napoléonienne

Cette toile fait partie des chefs d’œuvre de la peinture animalière. Elle a été présentée au Salon officiel de 1855. La commande répondait au choix de Napoléon III. Rosa Bonheur devenait alors un personnage essentiel du Second Empire. Ses clients potentiels se trouvaient parmi les plus hauts dignitaires du pays. Parmi eux, le Duc de Morny allait acquérir plusieurs toiles de l’artiste pour son Hôtel particulier au Champ Elysées.

Rosa Bonheur avait fait deux séjours en Auvergne. Le premier lors d’une mission familiale en accompagnant sa belle-mère à Aurillac. Le deuxième sollicité par Nathalie Micas encore émerveillée par l’enthousiasme que Rosa avait manifesté à la suite du premier voyage en Auvergne.

La Fenaison en Auvergne 1855 (2,15 m x 4,22 m)- Fontainebleau

La toile est simple mais combien riche de renseignements sur le travail agricole de la région. Sur un fond des Monts d’Auvergne et sous un ciel bleu azur (peint par Nathalie Micas) apparaissent une dizaine de paysans hommes et femmes occupés en cette fin d’après-midi, à couper l’herbe d’une grande prairie munis de larges faux tandis que d’autres la ramasse et la dépose avec de grands râteaux en bois sur une charrette tirée par quatre bœufs roux. Cette scène pastorale souvent rencontrée en début d’été en Auvergne traduit le calme des paysans de la région lors d’un travail traditionnel.

Les critiques sont sévères : « elle a été traitée un peu froidement avec une facture un peu trop léchée ».  Des appréciations négatives étonnantes quand on sait qu'elle a obtenu une médaille d’or et réussi à séduire la critique à l’instar d’Anatole de la Forge qui, parlant de l’ensemble des œuvres présentées par la peintre écrit :

« L’œuvre de Rosa Bonheur pourrait s’intituler Hymne au travail. Ici elle nous montre le labourage, là les semailles, plus loin la récolte du foin, puis celle du blé. […] Elle nous montre l’homme dans son aspect utile et noble tantôt à la tête des bœufs ramenant la charrette lourdement chargée des épis de la moisson ; tantôt à la poignée de sa charrue fendant le sol pour le rendre plus productif.

Rosa Bonheur en début de carrière était sensible aux critiques, elle en a été blessée. Constatant qu’elle ne pourrait obtenir rien de plus, qu’elle n’avait plus rien à prouver, elle prend la décision de ne plus se présenter dorénavant au Salon. Elle est encore jeune, 33 ans et son but est de durer de rester au cénacle de son art. Pour cela elle poursuit son travail avec ses exigences habituelles. Sa notoriété est maintenant bien établie puisqu'elle va se rendre en Grande Bretagne où Ernest Gambart, qui a acheté « Le Marché aux chevaux », a imaginé un scénario dans le genre publicitaire novateur et efficace dont Rosa Bonheur va tirer de grands bénéfices.