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7 mai 2021

Les raisons du voyage d’Eugène Delacroix au Maroc


 

Le voyage au Maroc d’Eugène Delacroix en 1832 a été d’une grande importance sur le plan personnel par les chefs d’œuvres qu’il  a pu réaliser dans un deuxième temps et pour l’art en général puisque ce voyage a été à l’origine de

Eugène Delacroix (1798-1863)
la découverte directe d’un Orientalisme réel.

         Intéressons-nous à un aspect moins en vue du séjour de Delacroix au Maroc, celui des raisons qui ont décidé de son départ vers l’Afrique du Nord. Elles sont au nombre de trois : officielles, personnelles et conjoncturelle.

Officielles

Une mission diplomatique mise en place par le roi Charles X, au Maroc, devait être accompagnée par le peintre  Eugène Isabey, qui, revenant d’Afrique du Nord était le candidat tout désigné. Refusant cette mission la candidature d’Eugène Delacroix  était doublement proposée. En premier par le Directeur de l’Opéra de Paris Edmond Duponchel et en second par Mademoiselle Mass, maîtresse du Comte Charles de Mornay, lequel devait diriger cette  mission.   
Il s’agissait pour lui de rencontrer 

L'arrivée du Sultan

le Sultan Abd el Rahman avec trois objectifs :  le rassurer sur les intentions de la France  au moment de la conquête de l’Algérie, obtenir la restitution de trois navires français capturés et gardés dans les ports du Maroc, obtenir enfin l’assurance que le Maroc ne prendrait pas possession des villes d’Oran et de Tlemcen et en avertir directement l’Algérie.
Le Comte de Mornay

Personnelles

Delacroix était casanier et cherchait la solitude. Il avait peu de contacts avec ses pairs et n’avait jusque-là fait qu’un seul voyage celui de Londres, où il avait eu l’opportunité de rencontrer le peintre Richard Parkes Bonington. Une rencontre cruciale car il avait pu à son contact, se familiariser avec la pratique de l’aquarelle

Route de Tanger à Meknès

une aide précieuse pour le recueil de documents graphiques lors de son voyage. Contrairement à d’autres peintres il n’avait pas réalisé le Grand Tour que tout artiste devait avoir fait pour être pris en considération. Le Maroc était alors une occasion intéressante pour lui.

La vie jusque-là ne l’avait pas gâté. En effet, dans les années 1820, il avait vu disparaître quatre membres de sa famille (père, frère, mère et sœur). Dès lors il se repliait sur lui-même, se cantonnait dans la solitude exprimant sa tristesse et sa dépression dans un cahier journal. 


 Le voyage au Maroc lui offrait la possibilité de sortir de cet engrenage.

Conjoncturelle

En cette année 1832, celle de son voyage, Paris était infesté par le choléra. C’était la deuxième pandémie de la maladie qui devait atteindre l’Europe, l’Asie et l’Afrique de 1826 à 1837. Cette épidémie  en trois mois avait parcouru le territoire français.

le  Choléra à Paris

Un contingent  quittant Toulon importait la maladie en Algérie. Alors que les parisiens accusaient le Gouvernement d’empoisonner les puits et la nourriture d’une part et les médecins de faire des expériences avec les pauvres d’autre part, Delacroix effrayé par la sévérité de la maladie tuant un habitant sur deux (1000 000 morts au total), n’avait qu’une idée en tête quitter Paris. Le Maroc allait l’accueillir. Pendant ce voyage le spectre du choléra restera présent.  Déjà en Avignon où des cadavres s’entassaient dans les rues. Tant pour son arrivée au Maroc que lors de son retour en France il devait être  mis en quarantaine. Afin de ne pas perdre de temps, profitant de cet isolement, forcé inattendu il s'était attelé à la réalisation d’un album d’aquarelles pour le Comte Charles de Mornay.

Toutes ces raisons devaient être suffisamment motivantes pour lui. Pourtant sa présence au sein de la mission fut programmée en dehors de tout aide officielle. Delacroix a eu raison d’accepter l’offre qui lui était faite. Ce voyage au Maroc allait confirmer dans son œuvre  sa maîtrise de la lumière, la flamboyance de sa palette et la fougue un peu barbare de son pinceau, qui furent là-bas une révélation. A cause de son indépendance vis-à-vis du monde pictural il n’a jamais été considéré comme chef de file, mais sans nul doute on lui doit l’Impressionnisme et l'art moderne qui suivirent.

Une noce Juive à Alger 1837-1841


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