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11 mars 2013

Une femme peintre trop tôt disparue : Marie Bashkirtseff.



 
          Marie Bashkirtseff (1858 – 1884) Russe, connue pour sa peinture, s’était aussi ,adonnée à l’écriture et à la musique. Née en Ukraine dans la bonne société, elle parlait cinq langues, jouait de la harpe et étudiait les grands auteurs. Elle n’aura vécu que vingt six ans d’une vie bien remplie malheureusement interrompue par la maladie. Marie Bashkirtseff était devenue, bien que femme, une peintre parce qu’elle était issue d’une classe sociale aisée, qu’elle était célibataire et qu’elle n’avait reçu aucune objection parentale. De telles conditions beaucoup d’autres femmes auraient voulu les avoir et ainsi pouvoir embrasser la carrière de peintre. La vie lui ayant donné cette chance elle allait militer pour défendre et promouvoir le métier de femme-peintre. Célibataire et riche elle avait pu entrer dans un atelier de peinture. Son milieu social lui avait donné accès à des relations notamment littéraires : Guy de Maupassant et François Coppée.
La féministe
           L’intérêt que porte son étude, tient dans les propos riches d’enseignements qu’elle écrivait dans son journal intime. On y découvre l’omerta masculine à laquelle la femme était soumise, un manque de liberté dont elle parlait sans ambages. En effet :
                  elle dénonçait « les comportements gothiques » : l’impossibilité d’étudier aux Beaux arts, d’échapper au rôle d’épouse et de mère.
                  elle ironisait sur la soi disant  absence de femmes peintres : « On nous demande avec une indulgente ironie combien il y a de grandes artistes féminines. Eh! Messieurs il y en a et c’est étonnant vu les difficultés énormes qu’elles rencontrent »
                  elle dénonçait le manque de liberté de mouvement    : « Ce dont j’ai envie, c’est la liberté, sans laquelle on ne peut pas devenir un vrai artiste. Vous croyez que l’on profite de ce qu’on voit, quand pour aller au Louvre, il faut attendre sa voiture, sa demoiselle de compagnie ou sa famille ? »
Cette entrave au déplacement en France ou à l’étranger, était pénalisante pour les femmes. Alors que les peintres du sexe fort avaient la liberté d’aller approfondir leur formation en Italie  (une expérience à laquelle aucun artiste voulant faire carrière ne pouvait se soustraire)  les femmes ne pouvaient y avoir recours. Peintre ou non, une femme ne pouvait se montrer seule en public ni rester longtemps seule avec un homme ce qui aurait été jugé trop indécent.
La peintre
          Marie Bashkirtseff par son rang de famille, était sans souci financier et avait pu s’inscrire à la nouvelle Académie Julian seule école d’art ouverte aux femmes en 1877. Elle y travaillait sans relâche parce qu’elle savait que ses jours étaient comptés à cause d’une tuberculose pulmonaire fléau de l’époque, traitée inefficacement faute d’en connaître l’origine microbienne (Koch ne découvrira le baille qui porte son nom qu'en 1882) et d’avoir à sa disposition un traitement adéquat                                        atelier Julian 1881.

Ses huiles et ses pastels étaient réalistes et attiraient les éloges. Elle peignait : des Natures mortes et des scènes de genre comme  Le Meeting  exposé au Salon 1884.
      Le Meeting 1884
Cette toile eut un grand succès auprès du public mais  ne fut pas sanctionnée par une médaille.
Elle aimait peindre des portraits de femmes jeunes du beau monde (en rapport avec son âge et ses fréquentations), portraits en buste et de profil, des femmes joliment coiffées témoignage d’une fraction riche et insouciante de la société dans laquelle elle vivait. Dans ses portraits, il y avait un tableau dans le tableau si on veut bien considérer l’application et la constance qu’elle mettait à traiter des Natures mortes : chapeaux de ces dames ou un bouquet de fleurs qu’elle faisait tenir au modèle.
                                                                                                                                             Georgette 1881
          Bien que beaucoup moins fréquents, elle a peint des paysages : « je vis aussi une grande esquisse de paysage notamment - la brume d'octobre au bord de l'eau, les arbres à demi dépouillés, les grandes feuilles jaunes jonchant le sol » . François Coppée.
Paysage
 
 
          Un autoportrait témoin d’un moment de tristesse, mais Marie Bashkirtseff était d’une telle beauté que l’on oublie sa tristesse et devine à peine ses larmes. Aujourd'hui, ses tableaux sont exposés dans différents musées d'Europe et l'œuvre  monumentale qu'elle a écrite a été compilée pour la première fois pour une édition intégrale. Elle est prématurément morte, alors qu’elle commençait à connaître le succès artistique. À quels sommets serait-elle arrivée dans le cas contraire?
                                                                      Autoportrait une larme 1883
L’amie des écrivains
Guy de Maupassant
          Se sachant condamnée, elle décida d’offrir son journal intime à un grand écrivain. Plusieurs lettres seront ainsi échangées avec Guy de Maupassant. (mars 1884).
« Maintenant écoutez-moi bien, je resterai toujours inconnue (pour tout de bon) et je ne veux même pas vous voir de loin, votre tête pourrait me déplaire, qui sait ? Je sais seulement que vous êtes jeune et que vous n'êtes pas marié, deux points essentiels même dans le bleu des nuages. Mais, je vous avertis que je suis charmante ; cette douce pensée vous encouragera à me répondre. » Signature : Madame R.D.G., poste restante bureau de la Madeleine.
Guy de Maupassant engagea alors une correspondance avec cette femme blonde qu’il ne connaissait pas de mars à mai 1884.
François Coppée
          L’écrivain fortement marqué par la personnalité de la peintre en fait part dans ses écrits, mais surtout, il est une des rares personnes ne faisant pas partie de la famille à avoir croisé Marie Bashkirtseff peu de temps avant que sa maladie ne l’emporte.
« Mademoiselle Marie Bashkirtseff survint. Je ne l'ai vue qu'une fois, je ne l'ai vue qu'une heure... Je ne l'oublierai jamais. »




« …. Il était temps de me retirer, et, du reste, depuis un instant j'éprouvais un vague malaise moral, une sorte d'effroi, je n'ose dire un pressentiment devant cette pâle et ardente jeune fille, je songeais à quelque extraordinaire fleur de serre, belle et parfumée jusqu'au prodige, et, tout au fond de moi, une voix murmurait : "C'est trop!" »
« Hélas! C'était trop en effet. Peu de mois après mon unique visite rue Ampère, étant loin de Paris, je reçus le sinistre billet encadré de noir qui m'apprenait que Mademoiselle Bashkirtseff n'était plus. » (François Coppée, de l'Académie française, préface de 1885 des Lettres de Marie Bashkirtseff, bibliothèque Charpentier, édition de 1922, pp. VI à XI.)

         Les femmes ayant laissé leur nom dans l’histoire de l’art sont peu nombreuses comparées aux hommes. Il est alors d’autant plus regrettable qu’au regard de son œuvre si belle et si courte Marie Bashkirtseff soit si vite disparue.


 


1 commentaire:

  1. Un blog vraiment très intéressant, bravo. Il fait partie de mes coups de coeur du jour sur mon Twitter.
    Je repasserai ^__^

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