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14 août 2012

Scènes d’intérieur imposées par la malvision : Degas



Edgar Degas avait consenti à adapter sa technique de peinture à cause de sa malvision. Il allait pour la même raison orienter sa peinture vers des scènes d’intérieur et le travail en atelier.
Degas faisait  parti du groupe des peintres impressionnistes, mais il était « impressionniste » à sa manière :
           Il ne souscrivait pas au travail en plein air de ses amis : Il disait lui-même que : « l’étude de la nature est insignifiante et qu’il prône le dessin, s’attache à la recherche de la ligne et se désintéresse de la couleur  et des aspects changeants de la nature. »
           Il avait participé à toutes les expositions impressionnistes et pourtant, selon Camille Pissarro, il était à l’origine de la désorganisation du groupe.
           Il préférait  le travail en atelier comme les peintres académiques et privilégiait les scènes d’intérieur.
En fait, ce désintéressement pour la nature, il faut bien le reconnaitre, lui était imposé d’une part par l’impossibilité qu’il avait de regarder une source de lumière  sans gêne (photophobie) et d’autre part par la perte progressive de la vision de loin doublée d’une moindre perception de la vue en profondeur à cause d’une vision monoculaire (un seul œil).
 
La peinture impressionniste en son temps, avait bouleversé les règles académiques en hiérarchisant le paysage et la peinture en plein air en tête de leurs préoccupations. Adopter l’impressionnisme revenait à vouloir travailler dehors en pleine lumière et cela Degas ne le pouvait pas. Il était donc dans l’obligation de se tourner vers les scènes d’intérieur. Mais, dedans régnait une lumière artificielle et un espace qu’il lui fallait apprivoiser. C’est ici qu’interviennent ses merveilleux efforts d’adaptation. En effet :
         sa photophobie allait influencer sa représentation de la lumière artificielle (le présent billet)
         sa vision monoculaire incompatible avec une vision de la profondeur, allait influencer sa représentation de l’espace (billet suivant)

Conséquences picturales de la photophobie
Le traitement des lumières  a toujours intéressé Degas en dépit ou à cause de sa photophobie. Ainsi dans un espace sombre il mettait en place lui-même une ou plusieurs sources lumineuses :
        
       Une tache brillante crée par une fenêtre  
       ou une porte entrouverte est fréquente 
       dans ses tableaux - Cours d’une maison à la Nouvelle Orléans 1872
 






      Des sources lumineuses artificielles 
      (rampe, réverbère, lampions) elle mêmes 
       génératrices de reflets - Le café-concert des Ambassadeurs 1876-1877












      Les effets de contre jour sont aussi
      un thème favori chez Degas, son sujet se
      découpant en silhouette sur un fond clair. Blanchisseuse (silhouette) 1873.









Après cet aperçu de la maîtrise de la lumière dans un intérieur, il restait à Degas, celle de représenter l'espace. C'est ce que nous verrons dans le prochain message.

1 commentaire:

  1. Merci pour cet approfondissement de la photophobie de Degas, qui est très peu traitée dans les ouvrages. Je vous conseille, si vous en avez la possibilité, de venir découvrir un superbe exposition consacrée à notre ami, au musée des Impressionnismes de Giverny. Bonne continuation. Chloé

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