Edgar Degas
avait consenti à adapter sa technique de peinture à cause de sa malvision. Il allait
pour la même raison orienter sa peinture vers des scènes d’intérieur et le
travail en atelier.
Degas faisait
parti du groupe des peintres
impressionnistes, mais il était « impressionniste » à sa manière
:
Il ne souscrivait pas au travail en
plein air de ses amis : Il disait lui-même que : « l’étude de la
nature est insignifiante et qu’il prône le dessin, s’attache à la recherche de
la ligne et se désintéresse de la couleur
et des aspects changeants de la nature. »
Il avait participé à toutes les
expositions impressionnistes et pourtant, selon Camille Pissarro, il était à
l’origine de la désorganisation du groupe.
Il préférait le travail en atelier comme les peintres
académiques et privilégiait les scènes d’intérieur.
En fait, ce
désintéressement pour la nature, il faut bien le reconnaitre, lui était
imposé d’une part par l’impossibilité qu’il avait de regarder une source de
lumière sans gêne (photophobie) et d’autre
part par la perte progressive de la vision de loin doublée d’une moindre
perception de la vue en profondeur à cause d’une vision monoculaire (un seul
œil).
La peinture
impressionniste en son temps, avait bouleversé les règles académiques en
hiérarchisant le paysage et la peinture en plein air en tête de leurs
préoccupations. Adopter l’impressionnisme revenait à vouloir travailler dehors
en pleine lumière et cela Degas ne le pouvait pas. Il était donc dans
l’obligation de se tourner vers les scènes d’intérieur. Mais, dedans régnait une lumière
artificielle et un espace qu’il lui fallait apprivoiser. C’est ici qu’interviennent
ses merveilleux efforts d’adaptation.
En effet :
sa photophobie allait influencer sa représentation
de la lumière artificielle (le
présent billet)
sa vision monoculaire incompatible
avec une vision de la profondeur, allait influencer sa représentation de
l’espace (billet suivant)
Conséquences picturales de la
photophobie
Le traitement des lumières a toujours intéressé Degas en dépit ou à
cause de sa photophobie. Ainsi dans un espace sombre il mettait en place
lui-même une ou plusieurs sources lumineuses :
Une tache brillante crée par une fenêtre
ou
une porte entrouverte est fréquente
dans ses tableaux - Cours
d’une maison à la Nouvelle Orléans 1872
Des sources
lumineuses artificielles
génératrices de reflets - Le
café-concert des Ambassadeurs 1876-1877
Les effets de contre jour sont aussi
un thème favori chez Degas, son sujet se
découpant en silhouette sur un fond clair. Blanchisseuse
(silhouette) 1873.
Après cet aperçu de la maîtrise de la lumière dans un intérieur, il restait à Degas, celle de représenter l'espace. C'est ce que nous verrons dans le prochain message.
Merci pour cet approfondissement de la photophobie de Degas, qui est très peu traitée dans les ouvrages. Je vous conseille, si vous en avez la possibilité, de venir découvrir un superbe exposition consacrée à notre ami, au musée des Impressionnismes de Giverny. Bonne continuation. Chloé
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